Les chiffres du chômage sont suivis et commenté à la loupe par le gouvernement et les médias, la France étant dans une position qu’elle n’a jamais connu auparavant, avec un taux de chômage record, et surtout pour la catégorie des seniors. En effet, on constate que le nombre de chômeurs de cette catégorie a augmenté de 11,6% depuis un an, soit 750 000 seniors de plus inscrits à Pôle emploi.
Si une décrue du chômage semble s’amorcer, les pouvoirs publics semblent toujours tâtonner au sujet de l’emploi des seniors : Plan senior en 2009-2010 ou contrat de génération aujourd’hui, ces mesures ne sont pas parvenues à enrayer le problème car ce n’est pas le financement des embauches qui permettrait une réelle reprise mais bien plutôt une relance de la consommation.
Certes les chiffres du chômage des jeunes diminuent depuis quelques mois, grâce aux contrats aidés, passant ainsi de 792 600 demandeurs d’emplois il y a un an à 771 000 en fin d’année, cependant le chômage des seniors continue lui d’augmenter. Sur la même période les chiffres enregistrés sont passés de 989 299 à 1 055 100 demandeurs d’emploi de plus de 50 ans. Les contrats aidés ont donc permis une baisse du chômage pour cette catégorie grâce à la signature de 100 000 contrats cependant les contrats de génération n’ont eu que peu d’impact (l’objectif du gouvernement était d’atteindre la signature de 75 000 contrats de génération pour ce mois de mars or la barre des 20 000 a été très difficilement atteinte fin décembre dernier).
Les résultats mitigés de la France alors qu’émerge une silver economie
Cette concentration des efforts pour l’emploi sur les 25-50 ans ne peut se faire sans exploiter le savoir-faire précieux de ses seniors. Il s’agit d’une orientation à corriger pour l’OCDE. En effet, les seniors ont fait l’objet d’un récent rapport de l’Organisation de Coopération et de Développement Economique intitulé « vieillissement et politique de l’emploi : mieux travailler avec l’âge », dans lequel l’organisation invite la France à revoir sa politique d’emploi envers les plus de 50 ans.
Le rapport met notamment en avant le fait que non seulement la France fait partie des rares pays où le salaire augmente avec l’âge, quelle que soit la productivité du salarié, mais également sur le fait que les seniors ont davantage tendance à user de ruptures conventionnelles de contrat une fois arrivés en fin de carrière (procédure utilisée par 16% de l’ensemble des salariés mais par 26% des personnes âgées de 58 à 60 ans, selon les chiffres de 2012).
Grâce à cet accord passé à l’amiable entre l’entreprise et l’employé, ce dernier peut bénéficier d’indemnités correspondant au moins au minimum légal versé en cas de licenciement économique. Cet accord permet également d’être indemnisé par l’assurance chômage, ce qui n’est pas possible en cas de démission. En définitive, les seniors « coûtent cher » aux entreprises ce qui explique leur frilosité à l’embauche pour cette catégorie de travailleurs. Selon les experts de l’OCDE la France doit inciter les seniors à travailler plus longtemps en réduisant l’attractivité de ce genre de procédure notamment en les contrôlant davantage.
Malgré les réformes des retraites qui ont instauré le relèvement à 70 ans de l’âge de départ à la retraite d’office et malgré une baisse significative des dispenses de recherche d’emploi des 55-64 ans la France fait encore parti des pays ayant le plus faible taux d’emploi des seniors en Europe (l’activité des seniors tourne autour de 60 voire 70% en Allemagne, en Grande-Bretagne et dans les pays d’Europe du nord alors qu’elle n’est que de 44% en France).
Enfin, les politiques actuelles des Ressources humaines s’axent encore trop sur les questions de productivité alors que la valeur ajoutée d’un senior est considérable, laissant de côté des trésors d’expérience. Ils peuvent alors trouver dans des formules de reconversion professionnelle comme l’autoentrepreneur ou le portage salarial pour proposer leur offre et leur expertise, sans avoir à convaincre un DRH peu réceptif.